[MàJ du 26/06/2012]
Ce
billet d’humeur est destiné aux services marketing des éditeurs
de bandes dessinées. Vous semblez avoir décidé de prendre vos
clients, au mieux pour de riches imbéciles, au pire pour des c*ns
blindés de thunes. (pardon, je m’agace)
Bien
que collectionnant les "Petits Mickeys" depuis deux décennies,
je ne suis riche qu’au sens culturel du mot. Et quand
je vois le coût qu’implique cette passion, les sacrifices qu’il
m’a fallu endurer pour acquérir certains albums, je ne comprends
pas ce mépris affiché aujourd’hui.
Voici
donc deux exemples pour éclairer votre lanterne.
Alléluia !
Le septième tome de Lincoln est paru. Cette publication couleur est
accompagnée d’une édition limitée de l’album en noir et blanc,
format à l’italienne.
Cette
édition limitée est, à mes yeux de collectionneur et amateur de
beaux ouvrages, indispensable. Il est clair que l’album a été
créé dans sa version noir et blanc. Les couleurs n’ayant ensuite
été ajoutées que pour satisfaire la demande (supposée) du Grand
Public.
Avoir
à payer le triple du prix -35€(!)- pour un changement de format et
la surpression des couleurs est inacceptable ; je refuse de
céder à la tentation
Et
pourtant, à la lecture, chaque planche, chaque dessin, crie son
aversion de la couleur. Ayant eu la possibilité de lire les deux
versions, je peux affirmer que la version couleur n’arrive pas à
la cheville de sa sœur bicolore.
Un
mot sur l’album : Lincoln étant immortel, un certain laps de
temps c’est écoulé depuis la fin du cinquième tome. Dieu et
Diable sont beaucoup moins présents, accordant une autonomie
bienvenue à notre héros préféré. Ce changement relance l’intérêt
de la série, amenant les auteurs à créer de nouveaux ressorts
comiques qui font mouche. Pas d’inquiétude cependant, l’Esprit
de la série est conservé : Lincoln est toujours ce trublion
n’écoutant (et ne craignant) ni Dieu ni Diable.
Sans
déflorer la fin, je peux affirmer que nous sommes repartis pour une
nouvelle série d’albums. Du moins, je l’espère. Enfin, je vous propose de lire le très bon article de Le comptoir de la BD, meilleur analyste que moi.
Largo Winch ou la
machine à fric version 2.0
Les
éditions Dupuis ont créé le buzz en annonçant une opération
commerciale d’un genre nouveau. Pour accompagner la sortie du XXème
album de Largo Winch, le service marketing propose aux vaches
à lait internautes rien moins que d’en financer la
promotion.
(Pour
ceux qui n’ont pas entendu parler de l’opération en question, je
vous propose de jeter un œil sur la page du projet)
Je
cite : « Plus que de lever une somme donnée, ce projet
s'adresse avant tout à la communauté Largo Winch et dépendra
entièrement de votre enthousiasme. Le montant choisi de 10 000 €
correspond en cela au niveau en dessous duquel Dupuis ne peut pas
mettre en place ce projet. »
-Nota :
pour faciliter la lecture, les textes en italique sont des
citations-
Vous
avez bien lu : les éditions Dupuis demandent à leurs clients
de financer à hauteur de 10.000 €uros une opération de promotion
qui, si la somme n’est pas atteinte, ne se fera tout simplement
pas. Les bras m’en tombent.
Je
ne sais si je dois rire ou pleurer devant les offres allant de 7€ à
200€.
La
palme revient sans aucun doute à la version numérique du tome 17 et sa carte de
remerciement numérique personnalisée!. Risible. C’est
vraiment prendre les clients pour des gogos: n’importe quel tableur
sait créer des personnalisations à base de coordonnées client. Et
payer 7€ pour une version numérique d’un album papier ne
coutant que 30% de plus, cela fait cher le contenu
exclusif. Lequel est d’ailleurs disponible en quantité
illimité.
Moi qui croyais que j'avais droit à du contenu contenu
exclusif, j'ai dû mal comprendre le sens du terme.
Si
Dupuis avait proposé le financement de la soirée
exceptionnelle (…) en compagnie de Philippe Francq, Jean Van Hamme
et les éditeurs de Largo. sur le mode
d’une réunion de fond pour ONG, l’action eut été saluée. Mais
là, on sent la volonté de faire de l’argent. Point final.
Loin
de moi l’idée d’un discours anti-capitaliste primaire. Je suis
un grand collectionneur d’albums Dupuis et apprécie grandement
l’effort fourni par les Editions pour nous proposer des intégrales
de qualité.
C’est
pourquoi je ne dis pas que Dupuis ne doit pas faire de bénéfices,
mais que la forme de l’opération me choque.
Et pour compléter mon propos, Le Comptoir de la BD a écrit un très beau billet sur le sujet