24 septembre 2012

Je ne suis pas Crésus

[MàJ du 26/06/2012]
Ce billet d’humeur est destiné aux services marketing des éditeurs de bandes dessinées. Vous semblez avoir décidé de prendre vos clients, au mieux pour de riches imbéciles, au pire pour des c*ns blindés de thunes. (pardon, je m’agace)

Bien que collectionnant les "Petits Mickeys" depuis deux décennies, je ne suis riche qu’au sens culturel du mot. Et quand je vois le coût qu’implique cette passion, les sacrifices qu’il m’a fallu endurer pour acquérir certains albums, je ne comprends pas ce mépris affiché aujourd’hui.

Voici donc deux exemples pour éclairer votre lanterne.


Lincoln - Le vieux fou sur la montagne

Alléluia ! Le septième tome de Lincoln est paru. Cette publication couleur est accompagnée d’une édition limitée de l’album en noir et blanc, format à l’italienne.

Cette édition limitée est, à mes yeux de collectionneur et amateur de beaux ouvrages, indispensable. Il est clair que l’album a été créé dans sa version noir et blanc. Les couleurs n’ayant ensuite été ajoutées que pour satisfaire la demande (supposée) du Grand Public.
Avoir à payer le triple du prix -35€(!)- pour un changement de format et la surpression des couleurs est inacceptable ; je refuse de céder à la tentation
Et pourtant, à la lecture, chaque planche, chaque dessin, crie son aversion de la couleur. Ayant eu la possibilité de lire les deux versions, je peux affirmer que la version couleur n’arrive pas à la cheville de sa sœur bicolore.

Un mot sur l’album : Lincoln étant immortel, un certain laps de temps c’est écoulé depuis la fin du cinquième tome. Dieu et Diable sont beaucoup moins présents, accordant une autonomie bienvenue à notre héros préféré. Ce changement relance l’intérêt de la série, amenant les auteurs à créer de nouveaux ressorts comiques qui font mouche. Pas d’inquiétude cependant, l’Esprit de la série est conservé : Lincoln est toujours ce trublion n’écoutant (et ne craignant) ni Dieu ni Diable.
Sans déflorer la fin, je peux affirmer que nous sommes repartis pour une nouvelle série d’albums. Du moins, je l’espère. Enfin, je vous propose de lire le très bon article de Le comptoir de la BD, meilleur analyste que moi.


Largo Winch ou la machine à fric version 2.0

Les éditions Dupuis ont créé le buzz en annonçant une opération commerciale d’un genre nouveau. Pour accompagner la sortie du XXème album de Largo Winch, le service marketing propose aux vaches à lait internautes rien moins que d’en financer la promotion.
(Pour ceux qui n’ont pas entendu parler de l’opération en question, je vous propose de jeter un œil sur la page du projet)

Je cite : « Plus que de lever une somme donnée, ce projet s'adresse avant tout à la communauté Largo Winch et dépendra entièrement de votre enthousiasme. Le montant choisi de 10 000 € correspond en cela au niveau en dessous duquel Dupuis ne peut pas mettre en place ce projet. »
-Nota : pour faciliter la lecture, les textes en italique sont des citations-
Vous avez bien lu : les éditions Dupuis demandent à leurs clients de financer à hauteur de 10.000 €uros une opération de promotion qui, si la somme n’est pas atteinte, ne se fera tout simplement pas. Les bras m’en tombent.

Je ne sais si je dois rire ou pleurer devant les offres allant de 7€ à 200€.
La palme revient sans aucun doute à la version numérique du tome 17 et sa carte de remerciement numérique personnalisée!. Risible. C’est vraiment prendre les clients pour des gogos: n’importe quel tableur sait créer des personnalisations à base de coordonnées client. Et payer 7€ pour une version numérique d’un album papier ne coutant que 30% de plus, cela fait cher le contenu exclusif. Lequel est d’ailleurs disponible en quantité illimité. 
Moi qui croyais que j'avais droit à du contenu contenu exclusif, j'ai dû mal comprendre le sens du terme.

Si Dupuis avait proposé le financement de la soirée exceptionnelle (…) en compagnie de Philippe Francq, Jean Van Hamme et les éditeurs de Largo. sur le mode d’une réunion de fond pour ONG, l’action eut été saluée. Mais là, on sent la volonté de faire de l’argent. Point final.
Loin de moi l’idée d’un discours anti-capitaliste primaire. Je suis un grand collectionneur d’albums Dupuis et apprécie grandement l’effort fourni par les Editions pour nous proposer des intégrales de qualité.
C’est pourquoi je ne dis pas que Dupuis ne doit pas faire de bénéfices, mais que la forme de l’opération me choque.

Et pour compléter mon propos, Le Comptoir de la BD a écrit un très beau billet sur le sujet

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